À Damazan en Lot-et-Garonne, le kilo de BioGNV est à 1,20 €. En vertu d’un contrat négocié avec le fournisseur, le prix restera bloqué pour trois ans à ces pompes situées en bordure de l’autoroute A 62

En ces temps où jamais l’automobiliste n’a autant eu cette sensation de voir son argent partir en fumée dès qu’il va à la pompe, les pratiques tarifaires d’une station-service lot-et-garonnaise méritent d’être signalées. À la station de Damazan (47), le kilo de biogaz pour véhicule (BioGNV), l’équivalent d’un litre de carburant, est vendu à 1,20 euro.

Un prix qui vaut à l’équipement implanté en bordure de l’autoroute A 62, l’attrait des usagers parmi lesquels des transporteurs. Et qui pourrait encourager les conversions. C’est d’ailleurs ce que défend, dans un communiqué du 9 mars, la filière biogaz au niveau national.

« Nous avons négocié avec nos fournisseurs des prix fermes pendant trois ans, alors que d’autres concurrents sont parfois à trois euros du kilo de BioGNV »

L’équipement a été ouvert au printemps dernier par le groupe Pujol et la société d’économie mixte (SEM) Avergies, dont le président Pascal de Sermet, élu de l’agglomération agenaise, explique : « L’une de nos missions de développement des énergies renouvelables en Lot-et-Garonne concerne la méthanisation agricole, et donc la production de BioGNV. Ce dernier est distribué dans deux stations où Avergies est présente, à Villeneuve-sur-Lot et à Damazan, où nous garantissons ce prix jusqu’à fin 2023. »

Nicolas Gente et Pascal de Sermet. Crédit photo : Christophe Massenot

 

Jusqu’à 3 euros ailleurs

La question brûle toutes les lèvres. Comment est-ce possible ? Le président de Sermet précise : « Notre directeur, Nicolas Gente, a eu la sagesse de négocier avec notre fournisseur, Save, des prix fermes pendant trois ans alors que des concurrents sont parfois à trois euros du kilo de BioGNV. » Depuis que Damazan dispose de cette station, le prix n’a pas évolué et n’est pas bradé. « Notre SEM, créée en 2019 par Territoire d’énergie 47 (ex-SDEE), prend sans doute aussi moins de marge que les concurrents privés. »

Deux nouvelles stations biogaz, portées par ces deux mêmes partenaires, devraient voir le jour dans les prochains mois. À Samazan, toujours sen bordure d’A62, et à Agen. Cette extension a un pendant : celui du développement des méthaniseurs agricoles. Cinq sont en fonction dans Le Lot-et-Garonne. Sept sont dans les tuyaux. « Pour être cohérent, il faut produire le biogaz localement, insiste le directeur Nicolas Gente. Dans ce département, nous avons le potentiel pour couvrir toute notre consommation de gaz. À la fois domestique, industrielle et pour le secteur du transport. »

Autonomie

Une prévision doublée d’un appel. Celui aux agriculteurs lot-et-garonnais pour s’engager dans l’installation de méthaniseurs. « Le GNV (gaz naturel pour véhicule, NDLR) ou le BioGNV peuvent être utilisés par tout véhicule prévu par le constructeur à cet effet, martèle le responsable. Le BioGNV est la version 100 % renouvelable du GNV. Il est issu de la valorisation de la matière organique par méthanisation. Nous sommes là pour accompagner les projets. » Car l’autonomie passe par un objectif précis : celui d’ouvrir une cinquantaine de méthaniseurs agricoles, à l’horizon 2050.

« Sachant qu’il faudrait en parallèle isoler les bâtiments et réduire la consommation, nous serions aussi en mesure d’en exporter », soutiennent les deux hommes qui doivent avant tout convaincre sur un terrain, où les intentions génèrent parfois la crispation de riverains.

Article paru dans le Sud-Ouest le 10 mars 2022. Par Christophe Massenot